La ferme florale Kapenaker Blooms, en région Moselle, invite à savourer la délicate beauté de fleurs bien particulières. Chez Stefanie Hildebrand, on ne trouvera pas les divas de l’horticulture mais des espèces locales et de saison, délicates, qui poussent naturellement. Ici, les visiteurs peuvent cueillir eux-mêmes leurs fleurs, en faire des bouquets et même les dessiner. Une véritable expérience sensorielle.

« Slowflowers ». Ce ne sont pas des fleurs qui poussent particulièrement lentement mais qui incitent à être regardées avec calme et attention, à être cueillies et à décorer. C’est la beauté sans clinquant des plantes en apparence discrètes. Ces fleurs coupées, de saison, qui poussent à l’air libre, sont une alternative aux fleurs de serre.

Venu d’Allemagne, le mouvement slowflower a inspiré Stefanie Hildebrand et l’a motivée à fonder sa ferme sur sa propriété de 1000 m2, dans la campagne des environs de Wormeldange. À Kapenaker, elle bichonne depuis trois ans plusieurs champs et parterres de fleurs qui paraissent pour la plupart délicates, aux couleurs souvent pastel, mais qui parfois sont aussi éclatantes. Multicolores comme la nature elle-même. Des fleurs qui rappellent celles de son enfance, comme les dahlias et les cosmos. Ses graines proviennent de Grande-Bretagne. Ici, les papillons volètent et les abeilles bourdonnent de partout.

« Plus je coupe les fleurs, plus elles bourgeonnent et repoussent. C’est idéal ! », dit Stefanie Hildebrand en riant. Elle parcourt les nombreuses rangées qu’elle a plantées autour de la vieille ferme et de la grange, qu’elle est actuellement en train de faire rénover et même de partiellement reconstruire. « Cela fait 100 ans que le vieux hangar, ici, est vide. C’était un peu comme dans La Belle au bois dormant », raconte-t-elle. La ferme n’avait pas été exploitée depuis longtemps et Stefanie Hildebrand souhaite désormais lui redonner vie. La première fois qu’elle l’a visité, elle a immédiatement eu un coup de cœur pour ce corps de ferme. Mais il a fallu attendre quelques années avant qu’il ne soit officiellement mis en vente. Pourtant, elle en était sûre, c’était là qu’elle commencerait son nouveau business, c’était là qu’elle voulait être. Quitter la ville et se lancer dans une nouvelle aventure, à la campagne. « Je veux avoir du plaisir à vivre ici pendant les 30 prochaines années ! », déclare cette femme rayonnante aux cheveux gris bien coupés.

Bientôt seront proposées de nombreuses offres liées aux « slowflowers » : les visiteurs devront apprendre à (re)connaître leurs fleurs préférées et les couper eux-mêmes, puis, dans la vaste extension moderne de la maison, construite dans le style du vieux hangar, les disposer dans des vases délicats. Ils pourront aussi savourer un délicieux pique-nique fait de produits locaux sous le grand noyer, ou bien, avec l’aide d’une artiste, immortaliser leurs fleurs coupées sur toile ou papier à dessin. Qui peut participer ? Tous ceux qui aiment les fleurs et plus généralement la nature. Grands et petits, en solo, en couple ou en famille, et même, pourquoi pas, en équipe d’entreprise.

Il faut que les participants se sentent bien, mais, évidemment, la nature aussi. Stefanie pratique la permaculture, ne retourne pas la terre mais ajoute toujours de nouvelles couches par-dessus, notamment du compost bio. « Je travaille avec ce que j’ai sous la main ! », insiste-elle. La monoculture n’est pas envisageable, les plantations varient en permanence. Elle n’utilise pas de pesticides, ce qui est bien pour les insectes, abeilles ou papillons qu’elle souhaite aussi nourrir avec ses fleurs. Bien sûr, cela représente beaucoup de travail. « Pour rendre la terre de nouveau cultivable, cela a pris beaucoup de temps », se souvient-elle. Et bien sûr, le travail n’arrête jamais. Pendant l’été, Stefanie a installé une grande tente près du chantier de la nouvelle maison et près des champs. C’est là qu’elle passe la nuit quand les journées sont chaudes, qu’elle veut commencer à travailler dès l’aube et éviter de perdre du temps avec les trajets.

Stefanie elle-même veut continuer à se développer aussi. Venant d’un tout autre domaine professionnel – elle est enseignante et formatrice en communication – elle met désormais les mains dans la terre, travaille en réseau avec d’autres amoureux de la nature, notamment avec des groupes d’intérêt comme « The Green Fingers », mais aussi avec des artisans et des artistes, afin d’enrichir son concept déjà florissant. Elle souhaite proposer davantage d'ateliers. « Je veux montrer les différents états.  Le devenir et la disparition », explique-t-elle. Quand les participants, avec l’aide d’une artiste, drapent ensuite les fleurs comme l’auraient fait les vieux maîtres flamands, et que ces arrangements floraux se retrouvent immortalisés sur la toile, c’est un acte culturel mais également sensoriel.

À plus long terme, une agréable chambre d’hôte devrait être construite à proximité de la ferme florale. Pourquoi ne pas célébrer son mariage à la campagne, dans une mer de fleurs délicates ? Car à la ferme de Kapenaker, les idées poussent avec autant de vigueur que les fleurs.